C’est l’histoire d’un sage, très tatillon, qui aime bien faire les choses, et qui ressent intensément ce qui l’entoure.
Il se lève un matin, un peu déprimé, fatigué, mou, las. Rien de bien grave, sûrement que cela va passer tout seul. Ça arrive des fois.
Dans la journée, son moral revient petit à petit. Il est occupé, il n’y pense plus.
Mais le lendemain matin, rebelote. Le matin suivant, encore plus fort . Cette fois, il met une demie heure à sortir du lit. Une drôle de pensée le traverse : il se sent déçu par la vie. Il a pourtant toujours été positif. Il ne se reconnaît pas, lui qui a toujours le sourire et qui répond toujours « Oui, bien sûr ça va très bien! Et toi? « . Toujours à l’écoute, toujours bienveillant, toujours souriant avec les petits et les grands. Et puis, il a une belle maison, une femme qu’il aime et deux beaux garçons. Alors quoi? Qu’est-ce qui ne va pas?
Voyons voir, revenons en arrière…
Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce vague à l’âme?
Ce sage habite dans un pays où pour trouver le bonheur, les habitants entassent des objets qu’ils ont ensuite, peur de perdre.
Un détail?
Non un environnement, ça compte énormément et ça peut tout changer, mais continuons…
Il se souvient qu’enfant, il était fasciné par les fleurs et les animaux. Quelque chose lui disait que c’était mal vu dans son entourage. On le disait rêveur, manquant de motivation et de concentration, en difficultés scolaires, tête en l’air. Il se sentait inadapté le plus souvent et au mieux différent.
Il venait d’une famille modeste et qui étant d’un autre pays, avait pour mot d’ordre de ne pas faire de vagues, de se montrer fort et de ne pas aller à contre courant pour s’intégrer dans cette nouvelle ville. Trop occupés à gagner leur vie, ces parents ont fait de leur mieux pour l’aider à s’adapter .
Rien de très marquant? Croyez-vous?
Les fidélités familiales, ça joue beaucoup et même si elle sont inconscientes, c’est parfois une catastrophe pour les descendants.
Il a finalement décidé de devenir raisonnable, de ne pas faire de conflits, comme ses parents et d’oublier son rêve.
Son rêve? Tout le monde a un rêve enfant, mais combien le réalise? Combien s’en rappelle?
C’était quoi votre rêve à vous?
Tout au fond de lui, il rêvait d’être magicien et de transformer le découragement en enthousiasme. Un VRAI rêve d’enfant.
Aujourd’hui , il est pharmacien. Il vend des antidépresseurs et des pommades contre les coups. Il fait de son mieux et … Non, ça va pas trop mal.
Il a oublié, petit à petit, de faire confiance à son intuition, de parler aux nuages, de jouer avec le vent. Il a oublié de sentir la magie. La magie de la vie. Il a oublié les formules, celles de régénération et de réconciliation et puis aussi toutes les autres. Des trucs de gosse? Vraiment?
De toute façon, si personne ne s’intéresse à la magie, à quoi bon? Il valait mieux se contenter de petits tours de cartes, en loisirs, comme ça de temps en temps. Pour un jour ne plus en faire du tout. Il s’est finalement dit qu’il fallait être modeste et réaliste. Etre adulte et responsable. Devenir sage et prévoyant. Acheter des assurances et trouver un confort de vie.
Mais la frustration d’un rêve inaccompli, c’est comme du poison qui s’infiltre petit à petit dans le cœur des humains. Ce poison les rends frustrés, aigris, voir agressifs. Ils se referment sur eux, deviennent malades. Cela peut devenir grave dans certains cas. Et le sage est devenu tout gris.
Le sage de notre histoire, enfant joyeux et farceur, devint un adolescent timide et réservé puis anxieux et enfin un adulte désolé d’être lui même . Il a bien cherché à se contrôler, à changer, à évoluer, à devenir comme il faudrait, à faire des efforts…. Il a essayé d’être coopératif mais finalement il se sentait de plus en plus seul et de plus en plus mal.
Ce sage avait un cœur puissant qui raisonnait comme un tambour dans sa poitrine. Il était de nature attentionné. Il n’était ni plaintif, ni menteur. Il était très embêté de voir le manque de considération autour de lui, sachant pourtant, que tout le monde rêve de partages et de participation. Le sage était découragé. Il faisait de son mieux, il essayait de toutes ses forces et sans relâche mais il s’étiolait petit à petit. Il perdait la lumière au fond de ses yeux et la joie de vivre. Il restait pourtant courageux!
Un soir, alors que l’alcool ne suffisait plus à étancher la soif de son cœur, que les vagues de son âme le submergeaient sans qu’il sache comment se sortir de ce trou noir… Alors que ses idées devenaient de plus en plus sombres… Déchirant le silence extérieur et recouvrant le brouhaha de ses pensées… Un grand bruit, un hurlement, un fracas assourdissant… Un hibou tout déplumé s’écrasa à ses pieds, bouillant de fièvre et les yeux exorbités.
Le sage fut tout secoué par cette interruption dans son naufrage. Il avait eu une de ces frousses. Etant spontané de nature, il eut envie de s’occuper du volatile, il était vraiment en piteux état.
Quelque chose l’arrêta à l’intérieur de lui. Il faisait tout de travers, soigner un animal impliquait un savoir et il n’était pas sûr d’aboutir à faire quelque chose de bien en ce moment. Surtout pas après tout ces litres avalés.
Vu l’heure tardive, personne a appeler, il fallait y aller sinon c’était la mort du hibou assurée.
Gabriel, de son surnom Gab, observa le Hibou qui luttait contre le froid extérieur et le feu de la fièvre intérieure, épuisé. Les pensées de Gab étaient bruyantes, ses gestes automatiques. Il fallait faire vite, il s’affaira et revint avec une fiole. Il n’arrivait pas à se détendre et il cassa la fiole en la laissant tomber de ses mains moites et tremblantes.
Ratazut! Il fallait tout recommencer.
Mais bon sang bien sûr, ça ne pouvait pas marcher, il avait encore oublié la larme de régénération, REGENERATION!!! Et … Allez, allez, c’était quoi le deuxième? Attendez je relis le début de l’histoire… Une seconde… Ah c’est ça RECONCILIATION! Quel ingrédient allait t’il mettre pour la Réconciliation?
Il fallait retourner voir le hibou pour savoir. Chaque potion est unique, il faut faire bien attention. Dix gouttes, oui mais dix gouttes de quoi? Trou noir pour Gab. Il panique!
Gab s’installe à côté du hibou de plus en plus faible. C’est un hibou des marais, … Des marais, des marées, démarrez, Gab fait fonctionner son cerveau analogique pour retrouver le fil magique de la potion. Mais oui, bien sûr! Il disparaît pour ne revenir qu’après de longues minutes avec une deuxième fiole bien serrées dans ses mains.
Il dépose précieusement quelques gouttes du liquide dans le bec du hibou en prononçant les paroles suivantes : « Il y a tout un monde en dedans de toi et en dehors, regarde au delà des illusions, laisse s’envoler ce qui n’est pas toi, soit attentif aux différentes voix qui t’ouvre la voie » .
Pourquoi ces mots? A votre avis?
Ce qu’il avait mis dans sa potion? Personne ne le sait!
Mais à partir de ce jour là, son ami le hibou revint souvent le voir. Gab appris à rejouer et à rire, il se fit de nouveaux amis, s’éloigna d’autres et il s’engagea à fond dans de nouveaux choix qui lui donnait vraiment de l’enthousiasme. Il reprit la magie et il la diffusa à profusion et avec joie ses potions à celles et ceux qui venaient à lui dans sa boutique de potion.
« La boutique de Gab, ouverte du lundi au vendredi de 9h à 19h « .
Gabriel Lesage était enfin redevenu Gab le sage pas sage qui suit les passages.
Stéphanie Buononato
Art thérapie et coaching au 11, place de l’église 42600 Montbrison
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