Quand la conversation tourne au meurtre sanglant :

C’était une conversation anodine. Juste un petit moment entre amis, comme tant d’autres auparavant. Ces deux là aimaient échanger des mots. Des mots subtils, des mots doux, des mots pour ne rien dire du tout et parfois pour arriver à se dire quand c’est dur à dire, pour faire entendre sa voix quand cela ne peut aboutir au langage, sans figer par les mots ce qui ne se dit que sans mots.

Ces deux là aimaient les silences échangés. Ils se comprenaient sans mots dire, avec la parole facile. Ils aimaient s’écouter et se comprenaient à demi-mots. Deux vrais amis. Ils s’entendaient bien comme on dit.

Alors pourquoi, ce jour là, tout ce qui n’avaient pas été dit, tout ce qui se tait parce que ne trouvant pas sa route, tout ce qui cherche ses mots pour être entendu, se mit à trembler ? Nul ne le sait !

Ce jour là, la bataille aux mots tranchés fit rage au détour d’un soupir, d’une intonation de voix qui fit l’effet d’une détonation, d’une déflagration, d’une explosion … « Quel manque de considération, ce soupir !  Comment a-t-il pu oser soupirer maintenant, là, après toutes ces années d’amitié ? » Se dit le premier.

Ces deux là savaient bien pourtant, que l’on n’entend que des lambeaux de phrases captés au gré des vagues de la conversation.

Ils savaient que l’on croit ce que l’on croit comprendre quand nous tentons de lire entre les lignes du discours avec le filtre de nos attentes, de nos attentions et nos compréhensions, avec le poids de nos interprétations. Avec le sens que chacun met derrière les mots, avec son histoire et le poids des maux sous les mots, irrémédiablement et dramatiquement. Et que finalement l’essentiel est souvent tu, non dit, sous entendu. Nous croyons souvent nous être fait comprendre, d’avoir parfois tout dit, avoir sans cesse dit et répété, alors que rien n’a été entendu, rien n’a vraiment été communiqué.

Ils savaient bien, pourtant, que derrière les mots se cachent d’autres maux qui ne se disent pas par les mots mais qui crie dans les silences et les absences, dans les respirations et les mouvements du corps. Ces maux désespérés d’êtres entendus, d’êtres compris, d’être apaisés, de trouver les mots pour se dire dans son propre langage.

Ils savaient aussi, que nous avons peur de, et sommes, pourtant, aussi parfois, jugés et condamnés par nous même ou par autrui pour délit de gros mot, du mot pas comme il faut, du mot pas dit, mal dit, pas au bon moment, de faux pas dans les mots, du mot qui manque ou du mot de trop !

Ces deux là savaient le poids des mots. Ils savaient que parfois, quand la colère, la tristesse ou la blessure gronde et envahi l’espace des mots, quand la dispute et le conflit gronde, ce ne sont plus que le choc des mots armes et le heurt des maux aux armures dans le vacarme du combat des blessures. Ce sont des maux gardiens qui cherchent à se protéger et des mots combattants qui cherchent à gagner, à avoir le dernier mot, celui qui dit j’ai raison et réduit l’autre et la relation au silence des maux non dits, des maudits.

Ces deux là savaient bien que l’on s’écorche avec des silences ou des petits mots de rien du tout pour soi, mais tranchants, coupants et criminels pour l’autre, prononcés comme des sentences et figés dans le marbre s’il le faut pour la nuit des temps parce que l’on n’oublie pas un mot qui fait maux, même si nous ne nous souvenons plus de son contexte, même si l’on sait qu’il réveille surtout d’autres maux. Son impact reste en attendant la guérison, la caresse de l’amour sur la plaie des maux des mots.

Ces petits mots de la bataille des besoins non assouvis, ces petits mots qui réveillent les non-dits et les non entendus, deviennent une arme redoutable, tout autant que la potion de guérison incroyable pour la pire des batailles et des maux entre amis.

Ils deviennent la source de la pire des rancœurs, des rend-cœur et des rancunes ressassées ou bien le baume d’amour sur la blessure qui guérit, le mot qui guérit tout.

Une fin tragique d’une faim d’amour non satis-fête ou une épine de cœur qu’on enlève.

Une douleur qui n’a pas rencontrée son oreille traductrice des maux d’amour blessé ou un soulagement de celle qui a été entendue, reconnue comme des maux derrière ses mots.

Ils s’étaient promis de toujours communiquer, de faire attention, de dire les choses au bon moment et de ne pas laisser leur amitié se faner par les non dits ou les mal dits.

Ces deux là avaient, d’autant plus, les oreilles en-tendantes de ceux qui s’entendent pour se laisser et laisser l’autre se dire et dire ses maux avec ses propres mots.

Et pourtant, …

Ce jour là, ces deux là n’ont pas entendus, n’ont pas su, pas pu s’entendre pour s’écouter parler et écouter ce qui se dit dans ce qui ne se dit pas et ce qui ne se dit pas dans ce qui se dit, ce qui ne peut pas s’exprimer par les mots et que les mots n’expriment pas, ce que les maux expriment dans les mots. Ce qui n’arrive pas à se dire quand chacun a tellement besoin de considération, d’être entendu-e qu’il n’a plus la place pour écouter les maux et les mots de l’autre.

Un cœur lourd a de petites oreilles. Il faut des oreilles spéciales pour bien s’entendre et une voix spéciale pour bien se dire.

Il faut dire que ce serait plus simple si tout le monde parlait clairement, simplement, en posant les bons mots sur ses maux sans défauts. En sachant poser ses demandes et répondre avec les oreilles de la bienveillance aux mauvais mots de la souffrance. Non ?

Oui mais voilà ! Ce n’est pas toujours le cas ! Nous n’avons pas vraiment appris.

Bien souvent nous n’arrivons pas à entendre les maux derrière les mots, à dire nos maux avec nos mots. A poser nos demandes, à exprimer nos besoins, à dire les faits sans interprétation, sans critique ou reproches, blâmes ou condamnations. Sans répondre avant même d’écouter et s’entendre. A comprendre ce qui n’est pas toujours exprimé.

Difficile de communiquer sur ce qui ne peut pas se dire par les mots.

« Oh des fois, ça marche heureusement, sur un mal entendu, on peut s’entendre.  » riaient ensemble le premier et le second.

« Parce que oui, parler n’est pas communiquer », affirmait sérieusement le premier.

« Dire n’est pas exprimer »,renchérissait le second.

« Exprimer n’est pas communiquer », souriait le premier.

« Converser n’est pas communiquer », soulignait le second.

« Discuter n’est pas communiquer. Faire un discours n’est pas communiquer. Échanger sur un sujet n’est pas communiquer », concluait le premier.

Communiquer, ce n’est pas si facile et cela s’apprend au fil du temps. Ils le savaient pourtant et ils y mettaient tout leur cœur.

Et pourtant…

Ce jour là, ces deux amis n’ont pas communiqué. Ils ont parlé, se sont exprimés. Ils ont dit des choses.

Une émotion intense a saisi le premier quand le second a poussé LE soupir. Cela a été un malaise innommable, inentendable, une déflagration soudaine qui a révélé le champ de bataille souterrain de son histoire non résolue, d’une blessure du passé réveillée par le soupir du second.

Les mots prononcés et attendus, ceux qui réparent ne sont pas venus et un enchaînement de mots s’est connoté dramatiquement de sous entendus et de mal entendus. Ce fut le drame. LA réaction du premier a réveillée la blessure du second, à son tour.

Le discours aux oreilles fermées de l’un n’a pas été entendu par l’écoute sans mots dire du deuxième. Une conversation banale qui a tournée au drame.

Par ce soupir du second, le premier a reçu une déflagration pour ainsi dire. Par la réaction du premier, ce fut le tour aussi du second, mortelle celle là.

Ce sera le dernier soupir du second. Il fut tué par un maux du premier qui ne le lui a jamais pardonné et ce fut la fin d’une belle amitié.

Il a rendu son dernier soupir pour un soupir de trop à 14 h ce samedi de mai 2020 dans un silence mortel nous a-t-on dit.

Fin.

Stéphanie Buononato

 

Ce fait divers vous rappelle t’il quelque chose?

La communication verbale n’est pas si simple et lors de nos séances, tout les symboles, tout le langage du non verbal et des différents canaux de communication viennent souvent à notre secours en art thérapie.

Cela dit, communiquer plus simplement ça s’apprend, même si cela demande de l’entraînement.

Bien souvent, dans une conversation, le sens des mots bascule dans la faille béante d’une blessure non résolue chez l’un, l’autre ou les deux. Une blessure réveillée coupe le son de l’entendement.

Il y a parfois une falaise de décalage entre ce qui est dit, ce qui est tu et son signifiant pour l’un et l’autre.

Certain-es même finissent par choisir de se taire et de couper court aux mots. De ne plus se prononcer par peur ou pour beaucoup d’autres raisons.

Chacun veut, pour autant, le droit d’être entendu-e, compris-e, de bien s’entendre.

Le miroir de la relation et de la communication nous permet de nous découvrir et de découvrir ce que l’on se cachait soi-même. Il y a en nous tellement de fonctionnement inconscients.

Une dispute, un conflit c’est une bataille de mots, un choc de maux, un combat pour protéger sa blessure.

Dans le monde de mes rêves, chacun pourrait s’exprimer, être, se dire, dire ses maux, communiquer dans son langage, même maladroits, même … Sans perdre l’attention ou la considération. A sa façon. Sans perdre l’amour ou la relation. En recevant tendresse et considération.

Cela demande du courage d’oser être soi et de se dire avec ses maux.

Les mots sont parfois un signe vague d’une pensée obscure qui demande à s’éclaircir, d’une blessure jaillissante et souvent non consciente.

Une intonation, un silence, un mouvement… Tout est langage soumit malheureusement à interprétation en fonction de notre propre pensée et croyances. La parole peut faire miroir à la mémoire traumatique au-delà de la raison et fait bien souvent remonter à la surface les germes d’un passé non résolu qui vient sans cesse s’inviter dans la conversation et barbouiller les mots de sens insensé pour les mots prononcés.

Il en faut de l’amour et de la bienveillance pour ne pas juger quelqu’un a ses mots, à ses comportements, entendre ses maux avec compassion pour terminer certaines conversations. Il en faut de l’amour, de la sagesse, de la confiance et du discernement pour faire la part des choses avec les scènes du passé qui s’invitent dans les conversations du présent.

Il en faut aussi du courage, de l’amour et de la bienveillance pour soi, pour rompre certains silences et oser, malgré tout, dire ses maux avec ses mots  parfois maladroitement, mal-dits en prenant les risques d’être mal entendu-e, mal compris-e par les maux de l’autre.

Il en faut du savoir-faire et du savoir-être pour savoir quand se taire et quand parler et ce que l’on communique par ce choix puisque quoi qu’il en soit, nous communiquons. Et oui, même pour celles et ceux qui ne parlent pas et ne se prononcent pas et qui communique tout de même par leur silence un message à celui qui le reçoit.

Le dialogue échoue à dénouer les crises sans véritable communication. Il ne fait même, parfois, que l’aggraver.

Le procès conséquent aux disputes comporte bien plus de dommages que de réparations.

Il faut savoir entendre pour mieux s’entendre.

Le sujet est vaste et nous sommes toutes et tous en apprentissage.

Qu’en pensez-vous? Êtes-vous à l’aise pour communiquer? Vous sentez-vous bien compris-e et entendu-e? Dites-vous facilement les choses sans peur et sans gêne? Sans honte ou sans violence?

 Si vous ne savez pas pas par où commencer et que le sujet vous interpelle, vous pouvez m’appeler au 06 66 59 78 62, il y a plein de solutions!

Stéphanie BUONONATO

Art thérapie et coaching au 11, place de l’église 42600 MONTBRISON

 

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